"Dreamland" : coolitude land / Avant-Première

Quand on pense à ce film, on pense dabord au lieu
Le Nouveau Mexique, la lumière éblouissante et la terre quasi désertique, des éléments qui appellent moiteur et nonchalance, voire une certaine désespérance
Cest le portrait de Dreamland, communauté hippie dun autre temps transplanté dans un aujourdhui dont les habitants nont pas pris ou peu conscience tant leur jeunesse sest figée à jamais dans les années 70
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Cest dans cette ambiance que la jeune Audrey, 18 ans, tient tout son entourage à bout de bras : son père, Henry, vieil hippie veuf et agoraphobe, évoluant entre son frigo, ses canettes de bière, son cendrier plein et les photos de sa femme, Calista, sa meilleure amie, bimbo au physique Marilyn qui voudrait devenir Miss Amérique. Dreamland, quartier de caravanes et de baraquements posé au milieu de nulle part dont les habitants sont autant des amis que des voisins. On se rend visite, on se rend service, on barbote entre adultes dans une petite piscine en bois pour enfants. Bien quelle soit une étudiante brillante, Audrey a renoncé à poursuivre ses études pour veiller sur son père et travaille comme employée dans lunique supermarché du village aux côtés dAbraham, amoureux d'elle sans retour, quelle rejoint parfois la nuit. Une existence anachronique qui sécoulait paisiblement avant larrivée dun nouveau voisin : Mookie et ses parents : sa mère Mary, ancienne chanteuse de folk habillée comme à Woodstock et son beau-père qui laccompagne à la guitare le soir sur leur modeste terrasse. Mookie, jeune homme tonique dans un univers léthargique, champion de basket, ne fait que passer pour se remettre dune blessure. Mais les deux filles, Audrey et Calista sont toutes émoustillées par son arrivée. Surtout Calista, condamnée par une leucémie, qui va le forcer sans sen rendre compte à devenir son petit ami.
Cest à ce moment du film que le ciel sobscurcit : si la première partie du film était un vrai délice, lirruption de la maladie de Calista quon avait déjà évoquée et cétait le bon dosage, prend alors le récit en otage, lalourdissant considérablement. Audrey et Mookie s'aiment mais, bien entendu, la maladie de Calista les paralyse tous les deux de la priver dun bonheur tout en sacrifiant le leur, sen suit une série de péripéties un peu lourdes menant à lhôpital etc
Dommage, le film possède beaucoup de qualités, une atmosphère, un style, des images très belles bien quun peu stylisées, des acteurs naturels, des relations crédibles entre les personnages, un brin dhumour et démotion quon aurait été inspiré de ne pas trop exploiter. Les acteurs sont plus ou moins connus, Gina Gershon/Mary a joué un des deux rôles principaux dans "Bound" des frères Wachowski et "Showgirls" de Paul Verhoeven, Kelli Garner a fait une apparition dans "Aviator" de Scorsese, Agnès Bruckner/Audrey dans "24 heures chrono".
Le film est typiquement ciné indépendant américain, cest un style, un univers, une façon de filmer, de jouer, inventive, pas ostentatoire (plutôt habilement esthétique), quon sent des les premières images, dailleurs, il a été présenté au festival de Sundance en 2006. Pour le premier long-métrage de Jason Matzner, venu de la pub et des clips, cest extrêmement encourageant, à retenir, donc
Nota : pour avoir enchaîné avec le film français "Vent mauvais" dans la foulée le même jour, quel ennui ensuite que le petit port de pêche en hiver filmé sans conviction, avec des acteurs déprimés et une histoire peu crédible, une image mesquine, difficile à voir après cet agréable bain de soleil voilé au Nouveau Mexique
sortie du film en salles le 1er aout 2007