"Family portraits" : Sad nevrotic trilogy/Avant-Première à Deauville 2006

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Constitué de trois court métrages «Cutting moments », « Home » et «Prologue », la trilogie de Douglas Buck a nécessité pas moins de huit années de travail. Les deux premiers opus furent réalisés consécutivement au milieu des années 90 et le dernier segment dans un second temps. Qu’ont en commun ces trois contes de la folie ordinaire prenant place dans une banlieue de la middle class américaine? La violence en famille : acte de violence apparemment isolé pour le premier, circonstances de la violence pour le second, conséquences de la violence pour le troisième.

Une femme délaissée par son mari en arrive à s’auto-mutiler pour exister, c’est «Cutting moments», un moment carrément insoutenable qui a poussé vers la sortie bon nombre de spectateurs du festival de Deauville où le film fut présenté tardivement vers 23 heures avec un avertissement préalable du réalisateur, présent à la projection, que les trente premières minutes du films pouvaient heurter. Pour ma part, je suis partie et… revenue pour le second segment «Home». Dans " Home", un homme, taraudé par le souvenir d'une mère dépressive et d'un père effondré, massacre sa famille quand les récriminations de son épouse le ramènent au revécu de son traumatisme d'enfance... Dans «Prologue», une jeune fille handicapée à la suite d'une horrible agression pédophile revient voir son agresseur et met la femme du pédophile face à son refus d'accepter la vérité sur son mari y compris sur leur fille...


Dès les premières images de « Cutting moments », on ressent un malaise : l’image est salie, le ciel bas, les bruits exaspérants comme le passage d’un avion dans le ciel quand la famille est au jardin, l’homme tient un sécateur dans les mains, la femme une paire de ciseaux, le repas de famille est un règlement de compte muet. Sur le point de se séparer, le couple est filmé avec leur petit garçon en deux plans obsédants qui alternent comme un jeu de ping pong : on montre à l’écran soit le visage du père et la moitié de celui de l’enfant, soit le visage de la mère et l’autre moitié du visage de l’enfant.

Dans « Home », le souvenir des infirmiers qui venaient chercher la mère de l’homme dans son enfance, le visage de son père accablé dans le salon après son départ, ce même visage/masque qu’il va reprendre à son compte après les déclarations d’insatisfaction sexuelle de son épouse, donnent une inéluctable logique dramatique à l’histoire qu’on avait perçue plus faiblement dans le premier film où le réalisateur jouait davantage sur le pouvoir anxiogène des objets que les situations peu connues du spectateur.

Dans le dernier film, l’ambiance a évolué dans le sens d’une histoire plus seulement focalisée sur les passages à l’acte de violence puisqu’il s’agit de l’après-violence… On est autorisé à la compassion d'autant que le film est plus narratif et construit différemment, plus mature. Néanmoins, le réalisateur n’a pas lésiné sur les handicaps de cette jeune fille sans bras sur un fauteuil roulant reconnaissant son agresseur en allant rendre visite à la poste à son ex-boy friend fiancé à une autre. Un monstre dégénéré qui se fait davantage de souci sur la défaillance de sa mémoire en ne retrouvant pas les cadavres de ses victimes là où ils les a enterrées que sur sa conscience. Il faut le point sur le i que sa propre fille a fait partie du lot pour que la femme de l’assassin pédophile accepte de voir ce qu’elle nie. Les parents de la jeune fille handicapée ne sont pas de reste, catastrophés de la voir revenir dans sa chambre demandant « vous avez vendu ma voiture ? », ne sachant absolument pas comment se comporter avec leur fille, coupables collectivement de l’agression qu’elle a subie.


On note dans les trois films l’omniprésence des images du bonheur comme les photos de mariage souriantes posées sur les meubles. Les objets de consommation sont des personnages à part entière dont le réalisateur a très bien saisi le pouvoir dépressif à les filmer pour ce qu’ils sont après la mort des illusions : des objets inanimés et inutiles, donnant une sensation de dérisoire et de gâchis, comme on peut en prendre la mesure après le décès d’un proche en rangeant ses affaires personnelles. Omniprésence également des armes blanches comme substitut à la sexualité défaillante dans une configuration mettant en scène la femme bovaryste, voire dépressive, et l’homme impuissant à la satisfaire

Le réalisateur a dit dans une interview qu’il s’était inspiré de Bergman, extrait : «….Les films de Bergman sont à mes yeux de véritables films d'horreur et d'épouvante. Bien qu'ils ne montrent pas de victimes fuyant un tueur et n'y arrivant pas vraiment, ni de poursuites en voiture ou de morts spectaculaires, ils traitent de ce dont nous avons vraiment, au fond de nous même, le plus peur : à savoir l'idée que la vie n'ait pas de sens, que nous vivions dans un monde sans Dieu, accompagnés seulement par le silence et l'indifférence… »

La mise en images de la violence comme Douglas Buck l’a ressenti chez Bergman va si loin dans sa représentation que la démonstration de l’auteur et le contenu du message s’en trouvent amoindris, le spectateur, anesthésié par le choc des images, étant lui-même traumatisé… Un film ultra-névrosé et dépressif à déconseiller très vivement aux âmes même un peu sensibles… Quand bon nombre de spectateurs, incapables d’en supporter davantage, sont sortis de la salle après une vingtaine de minutes, une petite équipe de la production du film attendait avec des caméras pour filmer leurs réactions « pourquoi êtes-vous sortis ? » Et pourquoi y sommes-nous allés? C’est un peu le thème de « Tesis » d’Amenabar… Bon courage, un petit verre ou un Xanax ne sera pas de trop dans votre sac pour aller voir ce film...

Mini-Pitch: trois films ultra-violents et dépressifs sur la violence en famille dans les banlieues de la middle class américaines... A éviter si on supporte de rater un film...

Sortie officielle du film le 4 octobre.

On veut pas regarder pas ce truc de ouf!





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