"Roman de gare" : polar sentimental dilettante

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Dominique Pinon et Fanny Ardant. Les Films 13

Aller voir un Lelouch au cinéma à Deauville sous la pluie, c’est très chabadabada… Je me suis donc fait ce petit plaisir lors d’un mini séjour pluvieux en Normandie… A Paris, y serais-je allée? Je ne crois pas, lassée de tant de films décevants de Lelouch… "Un Homme et une femme", "La Bonne année", "L’Aventure, c’est l’aventure", "Attention bandits", c’est si loin… Je crois que les films de Lelouch ont commencé à devenir lourds quand il a entamé le cycle des épouses qu’on voyait dans 4/5 films d’affilée, les films avec Evelyne Bouix, puis ceux avec Marie-Sophie L, enfin, avec Alessandra Martinez. Dans "Roman de gare", il y a toujours la famille, les copains : cette fois-ci, c’est une des filles du réalisateur (Shaya Lelouch) dans un second rôle, celui de la fille du personnage principal, Huguette la midinette (Audrey Dana). Et aussi Serge Moati dans le rôle de l’animateur (assez faux), Bernard Werber dans celui (muet) de l’écrivain invité.

Tourné par Lelouch sous le pseudonyme de son coach de tennis pour le présenter ensuite à Cannes hors compétition sous son nom, tout ça pour ça… le film parle justement d’usurpation d’identité. Par rapport aux grandes fresques prétentieuses genre "Les Uns et les autres" sur Boléro de Ravel, le récit est considérablement allégé, les personnages en nombre raisonnable, le scénario précis mais trop riche encore, pavé de tentations de broder. Le grand problème de Lelouch et des artistes en général, c’est qu’il ne savent pas couper, renoncer, mettre du blanc comme on dit, le plus dur ce n’est pas d’ajouter mais d’enlever. La démonstration est faite dès la première image, d’abord un générique interminable, ensuite on démarre en noir et blanc avec Fanny Ardant face caméra clin d’œil au dernier film de Truffaut "Vivement dimanche". L’image se recolorise (décidément après Tarentino…) et on passe au flash-back 1998 et simultanément à une histoire contemporaine.

Audrey Dana. Les Films 13

Judith Ralitzer, écrivain femme fatale, inspirée très directement de Catherine Trammel/"Basic instinct", écrit des romans mettant en scène des meurtres qu’elle a probablement commis comme celui de son mari ou peut-être celui de son secrétaire. Ecrire est un grand mot, elle les signe, son nègre, qui n’est d’autre que le secrétaire, les rédige. C’est l’objet de la première scène en noir et blanc, dans le bureau du commissaire de police : Judith est accusée du meurtre de son secrétaire tombé de son yacht où il était invité pour une croisière d’écriture. Comme le bougre voulait signer le livre de son propre nom après 7 ans de bons et loyaux services, ça ne faisait pas l’affaire du grand écrivain…

Retour à l’année 98, Judith s’en va en Bourgogne se documenter sur le milieu du vin et y rencontre son futur mari… En parallèle, l’histoire d’aujourd’hui se déroule avec les deux autres personnages principaux : le secrétaire et la midinette. Dominique Pinon est décliné pendant une mi-film sous trois possibilités de personnages : le serial killer évadé de la Santé, le prof ayant tout plaqué ou le secrétaire particulier de Judith. Une rapide superposition d’images ou une scène périphérique remet ensuite des visages spécifiques sur deux sur trois des possibilités de personnages laissant le loisir à Dominique Pinon de finir le film sous le manteau d’un seul personnage.

D’un parking d’autoroute la nuit sous la pluie, un homme (Dominique Pinon) voit et entend un couple se disputer, le muffle abandonne la fille et file en voiture. Apparition d’Audrey Dana/Huguette la midinette qui rime avec cigarette car c’est ainsi qu’elle a rencontré l’homme qui vient de la plaquer en allant consulter un médecin pour arrêter de fumer. Pour ne pas contrarier sa mère, Huguette demande à DP de prendre la place du fiancé manquant pour le présenter à ses parents qui vivent dans une ferme d’un autre âge, coupés de tout.

Les personnages ont tous des connections les uns avec les autres et bien au delà, le commissaire de police (Zinedine Soualem) qui a arrêté Judith l’écrivain va tomber amoureux de l’épouse (Michèle Bernier) du prof de banlieue qui a quitté la maison, cette femme étant aussi la sœur du secrétaire de Judith. Evidemment, c’est un peu trop… Démarré en polar, le film vire à la comédie sentimentale, on ne se refait pas, au point que la midinette, c’est peut-être Lellouch, lucide, qui livre ici son autoportrait. On dirait que le réalisateur veut nous dire qu’il sait faire aussi un polar, un drame, il nous y emmène pendant un temps, au point qu’on est agréablement surpris du changement de registre bien maîtrisé, et puis, il change d’avis, ce sera l’amour, toujours, l’épouse du prof téléphone au commissaire qu’elle ne cesse de penser à lui, le secrétaire craque pour Huguette et réciproquement, les morts ressuscitent, autoroute pour le happy end (bien qu’on tue à regret un des personnages)…

Fil conducteur du récit : une nuit Gilbert Bécaud à la radio avec les chansons coupées de flash infos, ce qui donne un côté vintage au film, c’est le moins qu’on puisse dire… Grand gagnant du film, le casting renouvelé intelligemment (exit les tentatives genre Bernard Tapie!), ici, ce sont Audrey Dana et Dominique Pinon qui mènent brillamment la danse avec une Fanny Ardant égale à elle-même, dans son rôle unique de voix prenant toute la place (avec des perruques blondes ou brunes un peu comme celles d’Adjani dans l’excellentissime "Mortelle randonnée"). Aucun des acteurs ne cède aux Leloucheries de parler comme si c’était naturel tout en récitant, exemple de la période Marie-Sophie L et Richard Anconina dans "Itinéraire d’un enfant gâté". Quand on aperçoit Audrey Dana derrière le pare-brise de la voiture, elle fait penser à Françoise Fabian dans "La Bonne année", c’est bon signe…

On l’a compris, c’est d’un Lelouch retour aux sources qu’il s’agit avec de vrais acteurs performants, un récit très construit (avec de multiples références littéraires et cinématographiques) et une tentative de polar qui donne une première partie du film très intéressante. La seconde partie du film est plus incertaine avec des allers et retours entre polar et comédie et une absence de conviction s’agissant de résoudre une intrigue qui n’intéresse pas le réalisateur, trop occupé à former des couples. Il y a certainement dans ce film matière à développer plusieurs films au lieu d’aborder tous les thèmes à la fois, toujours ce fouillis organisé, ce grand chambardement des situations et des sentiments, cette incurable Lelouch touch qui fait la force et la faiblesse de ses films.


NOTE : 3*/5



Publié dans Cannes2007

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