"BASIC INSTINCT 2" : La Multiplication des psy/DVD

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Sharon Stone. Océan Films

Interdit aux moins de 16 ans : Scènes censurées : clic ici!


Disons-le clairement, avec le parti pris de psychanalyser Catherine Trammel, dont on autopsie l'inconscient de A à Z, face à sa nouvelle victime de prédilection remplaçant Michaël Douglas, le flic, par un psy, le Dr Glass (David Morrissey), un vrai bonnet de nuit de surcroît, avec une collègue psy (Charlotte Rampling) , un patron psy, etc… Non seulement on frise l'indigestion freudienne au tiers du film mais encore on réussit un impossible pari : démystifier le mythe Trammel, lui enlever tout mystère et pas mal de perversité, en faire un sujet de thèse aussi excitant que les pages des "Oraisons funèbres" de Bossuet…

Il en résulte un film de bla-bla traversé par quelques outrances dont la première ouvre le film : la fameuse scène de l'orgasme en voiture. Et sans doute les scènes censurées de Sharon Stone avec l'actrice française Anne Caillon qui nous aurait un peu réveillés de ce soporifique congrès de psy aux prises avec leurs patients, leurs pulsions, leurs transferts, et tutti quanti… Quelques mini scènes, quelques images plus hot donnent le ton de la censure : les quartiers chauds de Londres, la prostituée SM furieuse qu'on la dérange, la mini-partouze sur le toit...

Sharon Stone. Océan Films

Là où dans le « Basic Instinct 1 » on baignait dans le thriller érotique avec plus de suggestion décadente que de gros plans explicites, plus de sensualité glauque que de drague frontale, plus d'ambiguïté que de révélations, dans le 2, on « verbalise » et on « passe à l'acte », pour employer la terminologie psy , et tout cela, cliniquement, froidement, sans affect, en s'analysant les uns les autres… et on s'emmerde, grave ! comme dirait l'autre… C'est un thriller le «BI2» ou l'analyse du «BI1», un peu comme les livres sur le «Da Vinci code» qui vous expliquent comment il fallait le lire et le comprendre ?

Donc, on démarre en Porsche noire (une C8 Laviolette en vérité) sous un tunnel comme celui de l'Alma où s'est écrasée Lady Di avec Dodi mais il s'agit de Catherine Trammel et d'un superbe sportif black à la mine extasiée par l'action : gros plans sur les visages, sur l'entrejambe court vêtue de Sharon Stone, gémissements, hurlements, accident ! La voiture tombe dans la Tamise et, immédiatement, on se demande comment Catherine Trammel peut trouver le souffle sous l'eau d'attacher la ceinture de sécurité de son compagnon sur un «réveille-toi, connard!», de sortir de la voiture, et de nager jusqu'à la surface et tout ça en apnée ! Kevin Francks est mort mais comme la noyade n'y aurait pas suffit, la police soupçonne la romancière de lui avoir injecté du DTC, un dérivé à base de curare (comme l'utilisaient certains indiens sur leurs flèches empoisonnées, ce qui entraîne une mort atroce par paralysie respiratoire), seconde lourdeur mais ça passe encore d'autant qu'on attend la suite...

Sharon Stone. Océan Films

Pour ceux qui n'auraient pas vu «Basic Instinct 1», Catherine Trammel est une romancière psychopathe et sanguinaire, surdouée, perverse et bisexuelle, qui écrit des polars en s'inspirant de ce qu'elle inflige à ses victimes, «murder, sex and violence» soient les basic instincts. Soupçonnant Catherine Trammel, réfugiée à Londres, de poursuivre ses exactions à des fins éditoriales, la police décide de l'envoyer se soumettre à l'expertise psychiatrique du Docteur Glass. A l'instant de la rencontre entre Catherine Trammell et le Dr Glass, le match est plié : on ne tirera rien de Morrissey en Docteur Glass, personnage anti-séduisant et transparent avec qui l'idée de la moindre relation sexuelle représenterait une bonne corvée…

Sharon Stone et Charlotte Rampling. Océan Films


Il ne reste plus qu'à regarder la sublime Sharon Stone qui en fait trop tout le temps, le regard naturellement magnétique mais forcé, durci, presque fixe, ça fera passer le temps… Un défilé de mode en noir et blanc avec des manteaux en fourrure blanche ou en cuir noir bordé de plumes d'autruche, des robes moulantes noir, une collection de petits chemisiers trois tailles en dessous incroyablement collants, décolletés et déboutonnés sur le ventre, des talons de 12 cm, des sandales à mille lanières en vernis noir, des cheveux blond plaqués, en chignon, relevés en queue de cheval, et un seul imperméable beige Burberrys le jour où elle n'est pas à 150% dans la séduction… J'oubliais un petit manteau vert épinard avec une écharpe turquoise sur une robe noire dos nu avec un des plus beaux portraits de la star ! Mode et déco : l'appartement de CT et le cabinet du psy, un vrai catalogue «Maisons et jardins» ou «Vogue», totalement glacé et impersonnel, des lieux immenses de la taille d'un vélodrome.

Deux leit-motiv sont rabâchés dans le film : primo, Catherine Trammel souffre de «Risk addiction» ce qui lui donne une impression de toute puissance, c'est justement le sujet d'étude du psy : addiction au risque et toute puissance, on en parle et on en reparle... Secundo, Catherine Tramell est partout : avec Denise, l'ex-femme du psy, avec le reporter amant de l'ex-femme, Adam Towers, avec son patron, le Docteur Gerst, avec sa collègue le Docteur Milena Gardosh, et à chaque fois, on filme le même plan du regard de Catherine Trammel à l'autre bout de la pièce avec une tenue et une coiffure différente…

Les scènes en hommage au "BI1" sont légion : outre le passé du psy en superposition du passé du flic, si CT se servait de la bavure de Michaël Douglas pour le faire craquer en l'appelant «flingueur», ici, le Docteur Glass donne prise à Trammel avec une casserole du même genre : un patient, Cheslav, dont il aurait dû se rendre compte il y a sept ans qu'il allait tuer sa femme enceinte à coup de briques. On a aussi au menu la scène de la chaise (variante avec Trammel à cheval sur une chaise), celle de la cigarette plusieurs fois, la musique identique qui nous rappelle des bons souvenirs mais pas toujours... C'est le cas d'une scène passant sans vergogne le cap du ridicule… Le Docteur Glass entreprenait mollement sa maîtresse quand son regard tombe sur la couverture d'un roman de Catherine T avec sa photo d'il y a quatorze ans, ça lui donne des ailes avec sa partenaire (psycho-pharmacologiste, bien sûr...), et, il était en train de jouer les chauds lapins quand, coup de théâtre, sa femme en larmes téléphone ! Et que penser de la femme ensanglantée de sang bien rouge sous les énormes fesses rouges du portrait chinois des toilettes de l'hôtel de passe??? Quant à la dernière scène, au secours !!!

David Morrissey et Sharon Stone. Océan Films

Que dire de l'image? Elle est académique, RAS mais pas si mal, beaucoup de plans vue d'avion de Londres filmée un peu comme New York et c'est tout. Mais le ryhtme ne va pas sans douleur : c'est le grand absent du film, lent et pesant, au point qu'on croirait regarder la pendule ne pas avancer sur l'écran.

Alors, elle est comment Sharon Stone 14 ans après ? Le problème, comme avec Adjani, c'est qu'on parle tellement de leur âge qu'elles «ne font pas» que tout le monde les passe au scanner… Sharon Stone a déclaré qu'à 48 ans, elle était au faîte de sa beauté, de sa sexualité, de tout… Eh bien, c'est vrai, elle est toujours superbe, et seul son regard trahit la volonté qu'elle met à séduire quand autrefois ça paraissait inné, accusant quelquefois une certaine lassitude. Ayant pris le parti de maigrir exagérément pour paraître aux abois pour le rôle, les hommes regretteront ses formes (qu'elle a reprises depuis, voir les photos de la promo) mais elle conserve une allure top model et un port de tête inimitable et inimité. Sharon Stone, qui a supporté depuis quelques années beaucoup plus que le poids des ans (une rupture d'anévrisme et une opération du cerveau dont elle n'a pas fait grande publicité, et, c'est tout à son honneur), est quand même une superwoman, la dernière des stars… Même rarement, dans «Total recall», «Basic Instinct1» (et même dans «Sliver»…), et surtout dans «Casino» et «Broken flowers», elle est vraiment exceptionnelle ! C'est l'unique atout de ce film, est-il besoin de le préciser?

Face à elle, que n'a-t-on pas trouvé un partenaire à sa hauteur… Morrissey est incolore, insipide et terne à mourir, je le verrai sur un écran ce soir, je ne le reconnaîtrais pas… une vraie erreur de casting. Quant à Charlotte Rampling, elle joue les utilités anglaises, un rôle dont elle ne tire aucun bénéfice, bien qu'elle ait le ton juste, comme toujours. Ce film ne mérite que deux étoiles mais comme il y a Sharon Stone, on peut quand même conseiller d'y aller uniquement pour elle.


Sharon Stone. Océan Films

(billet du 30/03/2006)






Publié dans Films 2006

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C
cosplayshopEn ce qui concerne la vidéo dont tu nous met le lien, je dirais juste : Ca sert à rien d'aller voir le film après ça parce qu'on a tout vu et même plus que ce qu'il y a réellement dans le film...
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E
Erotiquewww.erotique.lv
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D
Avec du recul...Ton article m'a vraiment intéressé. Sans aller jusqu'à le défendre le film, il ne sinscrit pas dans le "politiquement correct" qui consiste à dézinguer Sharon Stone et à mettre à terre ce film à tout prix. Je crois qu'il y a quelques trucs dedans qui valent le coup. Et il y aurait pas mal à dire sur sa prestation et ses contraintes...<br /> Je ne dis évidemment pas que c'est un film important, loin de là, mais peut-être que le temps passant, quand on voudra s'interroger plus sincèrement sur le travail de cette actrice (comme tu le fais), on le réévaluera un peu (de toutes façons on ne pourra pas le descendre plus qu'il ne l'a été !)<br /> Allez, j'avoue : j'ai le DVD et dans les scènes coupées, il y en a une qui se termine par "You're not smiling", de Trammell au Psy, et j'ai envide de te la recommander si tu ne l'as pas vue...
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G
Autant le premier volet m'a paru intéressant voir même passionnant, autant ce "tome2" est racoleur et n'a pour originalité que d'^tre l'une des plus belles daubes de l'année passée. C'est vrai, il y a Sharon Stone mais cela ne suffit pas pour relever cette "sous-production".<br /> A bientôt, Gérard
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M
Ce film n'arrive pas à la suite du premier volet, c'est simple, je ne l'ai même pas regardé en entier..
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