HORS DE PRIX : Palaces et dépendances
Barman de garde un soir dans le palace de Biarritz où il est employé, Jean Simon/GE, entraîné à boire par le seul client du bar, sendort sur un fauteuil après son départ. Réveillé en sursaut par Irène Mercier/AT qui le prend pour un client, il nose pas démentir. Cette dernière, déçue par lendormissement prématuré de son compagnon le soir de son anniversaire, est descendue se consoler au bar. De péripéties en situations vaudevillesques, un an plus tard, Jean et Irène se retrouvent à Monaco où le pauvre tente vainement dentretenir la jeune aventurière qui le ruine rapidement par son train de vie hors de prix. Sur le point dêtre viré de lhôtel, Jean est recueilli par une femme âgée qui lentretient comme gigolo pendant quIrène a retrouvé de son côté un mécène. Ce qui est finement observé dans ce vaudeville, cest labsence de méfiance de la jeune femme pour un homme éperdument amoureux delle mais qui na pas dargent, AT joue très bien cet étonnement qua son personnage à ressentir des bribes de sentiments quelle ne connaît pas.
Le film nest pas exempt dune série de clichés, les riches sont vieux et (donc) moches, le personnel des palaces est obséquieux et hypocrite, les marques pleuvent comme dans le numéro spécial mode de « Elle » : nombreux plans de paquets griffés posés sur la moquette des chambres, les étiquettes à plusieurs zéros, etc AT, filiforme, est habillée comme une princesse moderne du Rocher bronzée, bouclée, parée de robes du soir décolletées en satin gris ou blanc et bretelles dorées, sac et chaussures dorées. GE conserve son emploi de gentil ringard au superbe regard bleu écarquillé quil avait déjà dans « La Doublure ». Les gags ne sont pas toujours légers et lanalyse du microcosme des palaces est nettement plus cruelle quil ny paraît, peut-être trop pour une comédie ou pas assez pour une analyse de société. Cependant, la mythologie VIP diffusée par les médias et la surconsommation de produits griffés, par quelques unes les arborant comme les trophées des vainqueurs (Paris Hilton et Nicole Richie attitude), est assez bien épinglée, «tu as envie de quoi?» «dun sac à main»
Sagissant de lopposition jeune/vieux, Irène a cette phrase clé «tu as larme fatale, tu as la jeunesse» et certaines scènes entre GE et sa généreuse protectrice, dont une visite chez un chirurgien esthétique, sont plus pathétiques que drôles. Lemploi de Jacques Spiesser (contemporain de Francis Huster) dans le rôle dune des vieilles proies dIrène est surprenant, il ny a pas si longtemps, il jouait les jeunes premiers
Dans lensemble, cest un film plaisant à regarder, moins fin et pétillant que «Quatre étoiles», souffrant d'un tassement rapide du rythme, avec une jolie histoire damour malgré tout et des interprètes au sommet de leur popularité qui devraient plaire à la majorité.